L'abolition de la peine de mort est une question complexe qui présente divers défis selon le pays concerné. Parmi les principaux défis : (a) les efforts d'abolition de la peine de mort (PM) rencontrent l'opposition de ceux qui la considèrent comme une forme juste de châtiment pour les crimes odieux ; (b) dans certains pays, la PM est perçue (à tort) comme un moyen de dissuasion contre les crimes futurs ; (c) le maintien de la PM est vu dans certaines sociétés comme un signe de leadership politique fort ; (d) un soutien généralisé à la peine capitale rend difficile pour les décideurs politiques de plaider en faveur de son abolition ; (e) l'abolition de la PM nécessite souvent des réformes juridiques et des changements dans les systèmes judiciaires des pays pratiquant la peine capitale, impliquant la révision de la législation, la formation des juges et des avocats, et l'établissement de pratiques de condamnation alternatives ; (f) bien que la PM soit prévue par les normes internationales des droits de l'homme, tous les pays ne sont pas signataires de ces traités.

L'existence de la peine de mort et la menace de son application peuvent souvent être détournées à des fins inappropriées, telles que l'instauration de la peur, la répression de l'opposition et la suppression de l'exercice légitime des libertés. Pour faire face à ces enjeux et soutenir les États intéressés par la réforme de leurs codes pénaux, il est crucial de renforcer les actions de plaidoyer et de sensibilisation par l'implication active des organisations abolitionnistes locales, ainsi que le renforcement des capacités des institutions, des pouvoirs décisionnels et des pratiques adoptées pour renforcer le développement socio-économique.

Sur les 55 États où la peine de mort restait en vigueur fin 2021, 9 étaient des États africains et 7 étaient des États du Sud-Est Asiatique qui l’appliquent régulièrement ; tandis que 19 étaient des États africains et 1 était un État du Sud-Est Asiatique où la peine de mort est encore en vigueur même si elle n’est pas appliquée.

Dans ce contexte, l’intervention « Ensemble pour l’abolition de la peine de mort en Afrique centrale et en Asie du Sud-Est » intègre les principes proposés par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (ADHP) concernant le renforcement du rôle des OSC engagées dans le plaidoyer abolitionniste et dans l’assistance juridique aux détenus. L’intervention soutient également les institutions nationales des droits de l’homme (INDH), organes statutaires établis par les gouvernements en Afrique responsables de promouvoir et protéger les droits de l'homme dans leurs pays respectifs, conformément aux Principes des Nations Unies relatifs au statut et au fonctionnement des Institutions nationales pour la protection et la promotion des droits de l'homme (Principes de Paris).

L’intervention est financée dans le cadre de l’appel à propositions de l’Instrument européen pour la démocratie et les droits de l'homme (IEDDH), sous le Lot 2 « Soutenir les actions de la société civile en faveur de l’abolition universelle de la peine de mort », avec une durée de 40 mois. Le budget total est de 1.600.000 EUR, dont la contribution de l'UE couvre 90% des coûts éligibles, soit 1.440.000 EUR.

Elle est conçue pour accompagner les récents développements en Malaisie et en RDC et pour lutter contre un durcissement de l’application de la PM en Indonésie et au Cameroun. L’action correspond à la phase 2 d’un projet en cours (janvier 2017-décembre 2019) financé par IEDDH , dont l’évaluation interne à mi-parcours a souligné la qualité des résultats produits et la nécessité de maintenir le transfert du savoir-faire reconnu d’ECPM comme expert dans le soutien au développement de coalitions locales internationales. L’action prolonge 13 ans de collaboration avec les acteurs des quatre pays.